Cette mission est accompagnée par Robin Sautter président du conseil régional, et Magali Carlier membre du conseil.
En ce début de mission, j’ai repéré déjà quatre défis :
1er défi : entrer dans un mouvement de conversion
J’ai dans un premier temps relu ce qui avait été travaillé dans les Églises en 2009 et qui exprime la reconnaissance de la vocation diaconale de l’Église, aussi bien dans une diaconie organisée, que dans une diaconie très simple du quotidien. La notion d’Église diaconale est essentielle : ce n’est jamais acquis mais toujours en devenir. Et avant de convertir nos structures, c’est nous qui devons entrer dans un mouvement de conversion.
« À qui irions-nous Seigneur ? »
Ce Seigneur qui est devenu Serviteur de tous, qui nous appelle à devenir aussi serviteurs, non seulement au service des personnes, mais aussi par une attitude, un comportement, ou un « regard qui sait voir » à la suite du Christ, et qui se laisse évangéliser.
C’est donc dans toute sa dimension relationnelle, en interne et en externe, que l’Église est appelée à devenir toujours davantage diaconale.
2e défi : faire comprendre la richesse de notre laïcité
Très vite, j’ai réalisé aussi le contexte de notre « laïcité à la française » qui peut être compris comme une richesse. L’accueil des migrants, la précarité, le prendre soin des personnes âgées ou handicapées, l’écologie… sont des enjeux auxquels l’Église a sa part à prendre, avec d’autres, pour contribuer à faire grandir la justice et la solidarité. La laïcité n’est pas une absence de religion, et le défi pour une Église locale est de tenir ces deux vocations : spirituelle et diaconale.
Pour cette mission, je fus accueillie au Foyer protestant de la Duchère, notamment par son directeur, Benjamin Mangado, de la Mission Populaire. Une belle illustration où, sur un lieu sensible, différentes composantes travaillent pour un « mieux vivre ensemble » : le Foyer protestant ne cache pas son nom et s’investit complètement dans le tissu associatif de la ville. Les bénévoles qui y travaillent peuvent se ressourcer dans des temps de réflexion, de partage et de culte. Mais cet exemple n’est pas unique !
L’Église d’Annemasse, avec la pasteure Charlotte Gérard, a aussi investi dans les associations de son quartier, « Églises chrétiennes au service des élus » : des lieux de rencontre où l’Église a sa participation dans le débat public ! Il est important de dire que l’Église a besoin des autres, et que ce vivre-ensemble nourrit notre vie spirituelle, et inversement. Ainsi l’Église n’est pas seulement vue comme une simple institution religieuse, mais comme actrice de la société, attentive au sort des plus faibles et en situation de précarité. Elle peut ainsi participer au débat politique pour faire entendre la voix de ceux que l’on n’entend pas.
3e défi : permettre aux personnes de dire ce qu’elles vivent
Souvent, les membres des Églises locales ont du mal à réaliser qu’elles vivent déjà la diaconie ; leur permettre de dire, et donner sens à ce qu’elles vivent dans leur quotidien, c’est déjà beaucoup. Les petites attentions sont aussi importantes que les grosses structures ! Petites attentions qui sont souvent le fruit de la proximité du Christ et qui ouvrent à la vie !
Certaines paroisses ont un « art de la proximité » où chacun se sent accueilli, écouté : grâce à elles, la paroisse devient un lieu où la solitude se brise. Ne pourrions-nous pas envisager des « veilleurs » dans chaque paroisse qui sauraient orienter, proposer, enrichir la vie diaconale dans le quotidien, sans oublier de reconnaître celles et ceux qui le sont déjà.
4e défi : inventer des lieux ou des occasions pour créer des liens
Dans ce monde ultra connecté, le défi serait de créer des passerelles entre les différentes composantes qui travaillent pour le bien commun de notre société et en Église. Pour cela, il nous faut être attentifs au contexte de chaque association, chaque Église locale.
Avec le président du conseil régional, Robin Sautter, j’ai pu rencontrer Suzanne Chevrel, déléguée de la Fédération de l’Entraide protestante pour notre région : cette première prise de contact montre qu’un travail sera nécessaire avec Suzanne ; dans un premier temps, je participerai à la journée régionale des entraides.
Historiquement, les Églises locales ont délégué à d’autres associations « entraides » le soin des engagements solidaires. Peut-être, aujourd’hui, ces mêmes personnes engagées pourraient témoigner davantage de ce qu’elles vivent et faire témoigner les personnes en situation de fragilité.
Créer des liens entre les entraides de différentes régions, de différentes Églises ; permettre aux entraides qui fonctionnent bien d’aider celles plus en difficulté : c’est aussi cela la diaconie !
Cette mission m’invite donc à aller à la rencontre, à vivre concrètement la « diaconie » en partageant, en écoutant, en relisant parfois les engagements solidaires comme une expérience spirituelle. C’est un voyage en région qui me donne de m’ouvrir au terrain : un pèlerinage aux sources ! Celui qui se donne gratuitement dans la rencontre, et n’entre pas dans un système comptable !